Montagne Noire
Balade du 21 au 24 mai 2021 (4 jours), organisée par José • 45 photosVENDREDI
Rendez-vous est donné aux participants de cette première ballade post-apocalyptraCovid le vendredi 21 mai à 9 heures sur le parking de SAUCATS. Après la revue des troupes et la validité de leur Pass Nasal ouvrant les voies aux joies d’une chevauchée à moto en groupe, l’équipée s’est ébranlée vers 9 heures 30 par les majestueuses routes Françaises vers le camping de la Rigole dans le Tarn, notre camp de base durant ces 3 jours. Un périple que je ne vous narrerai pas puisque sur Périgueux encore à ce moment là. De ces contes et légendes qui se chuchotent au coin de l’âtre, cette journée y compris le casse-croute à Saint Jean Poutge se serait passée sans l’ombre d’une goutte de pluie. Mouais !!! En parlant de fable, je ne sais si la mienne en sera plus crédible et c’est auprès d’une Pizza fort bienvenue et d’une part de tarte réconfortante que j’ai narrée le périple qui me conduisait sur le site des Cammazes. Après les sempiternels bouchons sur Bordeaux qui me feront perdre 1h30 sur mon programme, j’enfourche mon engin préparé avec amour depuis longtemps en prévision de cette sortie.
Départ de Bordeaux vers 19h00 par l’autoroute. Ma grenouille sur son échelle m’annonce de la flotte, j’avais donc revêtu mon scaphandre que je pensais étanche. Erreur, j’ai pris tellement d’eau sur la « Bipppp…. » qu’elle s’est infiltrée par le cou. Pour couronner le tout, arrivé à Saint Ferréol, non seulement il y l’eau, de la buée à l’intérieur de la visière, mais aux virages qui surgissent de la nuit (mais pas de Zorro) s’ajoutent la brume qui s’élève du bitume par nappes épaisses. Arrivé devant un camping semblant abandonné depuis des lustres je laisse vrombir le moteur de ma belle pour me signaler doucement afin de ne pas réveiller les monstres cachés de la montagne noire. Un cyclope surgit et glisse en silence vers moi. Ouf ! Ce n’était que le propriétaire et sa frontale qui aimablement me dirige vers le Bungalow où toute l’équipe réunie m’attend avec impatience et bienveillance. Je pouvais enfin me restaurer et me mettre au sec. Après une présentation aux membres présents et joyeux par Gilles et José et des échanges passionnés tournant autour de notre passion, nous nous couchons pour préparer la virée du lendemain.
Je partage mon bungalow avec deux compères dont je tairais les noms pour des raisons de discrétions. L’un voulant me faire payer d’emblée une course imaginaire et l’autre qui tentera d’imiter le son de sa moto une bonne partie de la nuit (soi-disant le bruit d’une 1200 GS que je n’ai d’ailleurs pas reconnu !!!). Un rep-lit stratégique s’imposera d’ailleurs pour réfléchir à cette contrefaçon.
SAMEDI
Je me réveille donc ce samedi sur la banquette du salon. J’ai relativement bien dormi entortillé dans mon duvet. Il est tôt et j’en profite discrètement pour ranger un peu mes affaires disposées un peu partout la veille pour les faire sécher. Peu à peu mes compères s’éveillent. Je suis bien réveillé, le soleil pointe son nez, enfin une belle journée, manque plus que l’ami Ricoré. Une fois habillé et un peu de ménage fait, nous nous dirigeons vers le Barnum qui nous abritera lors de nos petits déjeuners et dîners au camping. À 9h00, petit déjeuner. Roboratif, celui-ci ne manque pas de grand-chose. Les discussions de la veille reprennent et nous en profitons pour continuer à faire connaissance. Le petit dèje terminé, nous pouvons enfin aller préparer nos machines pour la journée sans oublier de récupérer nos sacs pique-nique préparés par les gérants du camping. Départ à 10 h 00 tapante. C’est fort de 17 casques et avec pas moins de 13 motos que la troupe se met en ordre de marche. On s’attend devant l’entrée du camping. Une BMW GS 1200, puis une autre, encore une autre, une de plus, ah ! une VERSYS, une BMW F 850 Adventure, une autre VERSYS d’un millésime plus récent, un modèle FLAT TWIN super bien entretenu, une PAN EUROPEAN Wine Berry Red et enfin, un peu pâle devant toutes ces machines bavant à l’idée d’avaler des virages, mon Street Glide H.D. Une incongruité au milieu de ces machines ? L’avenir me le dira. Placé en fin du groupe de tête par le Préz et, à sa suite, je décolle avec la troupe vers Sorèze, Escoussens, le lac de Pradelle, Cabrespine, Villeneuve, minervois et Conques/Orbiel. Oh Puuuutaiiiin. Désolé ! Des virlos. Puis des virages, quelques-uns de plus, d’autres à nouveau, encore des virages, allez, pour la route, ça me fait plaisir, c’est pour moi….. Compliqué pour ma belle, mais grosse américaine, à l’image de ces femmes gavées au burger/Coca que l’on ne voit jamais sur la plage de Santa Monica en Californie. Des virages, qui me font tourner la tête, mais mon manège à moi c’est toi, je suis toujours à la fête, quand Oups, …désolé la SACEM, plagia. Heureusement qu’ H.D montent des plates-formes de pieds assez larges car sinon il ne me resterait que des demi chaussures pour le reste du raid. Nous faisons une halte à la cité de Carcassonne que nous pouvons découvrir ou redécouvrir pendant 2 heures avant de reprendre la route. Des groupes se sont disséminés dans la cité. Le nôtre jouit avec délectation d’un privilège interdit depuis ces 18 derniers mois, celui de prendre une bière ou tout autre breuvage sans cache-groin autour d’un guéridon de bar. Nous reprenons la route mais cette fois-ci, le Préz s’est positionné dans ma roue arrière. Hein Préz, c’est beau le cul d’une Harley, non ? Après moults virages et sinuosités en tous genres nous passons Villesèquelande, La Force (D119), Villesavary, puis Castelnaudary avant de retourner à « les Cammazes » et le camping la Rigole via la D803.
Si tôt arrivés au camp, une petite pluie s’invite juste pour nous faire comprendre qui c’est qui commande et en apprécier d’autant cette journée qui s’est achevée pour nous sec comme le Sahel. Pour nous faire oublier ces virolos, c’est du moins le cas pour moi, la logistique du camping nous a concocté de quoi nous caler façon « culbuto » à travers un copieux et excellent cassoulet de derrière les fagots. L’équipée se disséminera assez vite après cet épicurien moment, chacun réintégrant l’abri sensé les protéger des gaz toxiques parcourant tard le soir la montagne noire (c’est ce qui s’est dit dans le coin y parait….).
Prévoyant, cette fois-ci, je m’installe directement sur la banquette dans mon duvet, bouchons d’oreilles sur les yeux et tour de cou sur les oreilles (où bien l’inverse j’sais plus) pour ne pas être réveillé le lendemain par l’aube qui point et autres foins. De fait je suis stratégiquement placé aussi par rapport aux commodités. Je prévois à portée de main la douceur incarnée dans ce monde de brute, le sauveur de vie de dernière minute, l’incontournable à avoir toujours avec soi s’il en est un, j’ai nommé le bon vieux rouleau de PQ qui a fait bien défaut à nombre d’entre nous dans la prestation proposée par la direction du camping et dans ses mobile homes
La distance parcourue a été d’environ 196 km avec une vitesse moyenne de 50,8 km/h et une vitesse maximum de 101 km/h. Aucun risque de se faire flasher par un radar de la maréchaussée car pour cela il aurait fallu une distance minimale en droite ligne afin de calibrer l’engin, et là …. Y’ en a pas eu, Pouffff….
DIMANCHE
9h00 petit déjeuner et départ toujours aussi bien organisé par José. Aujourd’hui, à mes lamentations de la veille, je suis placé derrière la Kawa de Jean-louis et la F 850 de Sophie, en serre file. Je suis désolée pour elle et je m’en excuse ici, elle a si gentiment fait semblant de ne pas pouvoir me rattraper toute cette journée. Dans ces nouveaux virages, dire que je suis moins à l’attaque est une vue de l’esprit mais je bénéficie d’une distance tampon plus grande entre ces deux motos, donc un peu plus d’agilesse et de soupleté dans les genoux. Du camp de base, nous prenons la direction de Verdale, Escoussens, Le Pas de Dieu (D56), Laprade et Laprade basse, un lac où nous devions piqueniquer mais devant lequel nous sommes passé si vite qu’il a été impossible de faire arrêter cette chevauchée fantastique lancée à plein angle. Nous déjeunerons donc sagement sur une aire de jeux délaissée par ces habituels occupants. Route reprise, nous nous dirigeons vers Mas Cabardès, Pradelle, Cabrespine, Limousis (via D112 puis D511), puis descente vers Conques, Brousses et Villaret, Saissac, Villelongue, St Papoul (D803) puis Verdun en lauragais et Les Cammazes.
Nous passerons sur le site de la Cascade de Cubserviés, haute de 90 m dont 35 de visibles hors végétation. Malheureusement le nombre de nos machines ne nous permettra pas de les stationner en sécurité et sans gêner les autres utilisateurs de ce chemin de montagne et c’est au-dessus de celle-ci que nous ferons halte, sur une route ou deux ânes auraient encore bien du mal à se croiser.
Chemin faisant, au détour encore d’un de ces nombreux virages, Christophe et sa passagère Vivi crèvent, au sens littéral du mot. Un caillou acéré sur la route aura lâchement fait son office. Coincés entre deux virages ils essaieront de réparer mais le pneu est trop déchiré, toujours littéralement. Christophe se résoudra à faire intervenir son assurance qui dépêchera une dépanneuse. Il accompagne sa dulcinée (la moto) avec le dépanneur et reviendra au camp de base en taxi (un concurrent à mon colocataire). Le reste de la troupe rentre au camp et c’est Jean-Jacques qui aura la responsabilité de ramener Vivi saine et sauve.
Toujours sur ce même chemin de retour, alors que je roulai déjà plus light, souple sur la poignée pour décontracter l’aiguille de la jauge à essence, bien que ma grosse mémère ne turbine pas trop mal au vu de son embonpoint, je me retrouvai très vite en sueur quand le voyant « réserve » me hurla que la consommation du 1650 cm3 avait été celle de Bob l’éponge. Ignorant où je me trouvais, je déclenchai la première alerte de niveau bas carburant. Pas beaucoup plus tard, présentant la galère si je devais pousser les 420 kg du bébé, je déclenchai d’une voie enfiévrée la seconde alerte après une extraordinaire remontada du groupe pour informer le guide touristique. José, serein et un quart de sourire aux lèvres tente de me rassurer. Effectivement, il nous mène tranquillement et très rapidement à un poste d’essence fort bienvenu. Ouf !!!! Qu’est-ce qu’il est fort ce José.
C’est le ventre de la moto rempli et l’esprit apaisé que je retrouvai le camping. Les motos au repos, nous faisons de même avec nos bidons au dîner car c’est un délicieux plat de viande et ses potatoes (pommes de terre pour ceux qui ne parlent pas la langue de Cheik-Spire) suivi d’une crêpe et sa chantilly qui nous attend.
Encore une fois, c’est des virages plein les yeux et le ventre plein que nous prendrons congé les uns des autres pour rejouer sempiternellement « Bonne nuit les petits et du sable plein les yeux »
La distance parcourue cette fois-ci a été d’environ 229 km avec une vitesse moyenne de 50,3 km/h et une vitesse maximum de 128 km/h (Houah, là, ça a tartiné dur….)
LUNDI
...déjà. Toujours à 9h00 nous prenons notre dernier petit déjeuner. Tout le monde s’attèle à ranger et nettoyer le Mobil-home et ses affaires dans les rangements de sa moto. Quid des affaires de pluie ? La météo consultée, il ne devrai y avoir de la pluie qu’à l’approche de Bordeaux. Nous les garderons donc à portée de main.
Nous emprunterons des routes plus directes pour rentrer sur la région Bordelaise mais sans oublier toutefois de prendre des chemins de traverses permettant de rallier quelques herbages entre eux. Après Revel, Montégut Lauragais, Aurillac sur Vendinelle, Direction route de Toulouse et Verdine. Au long de ce retour, des cyclistes et piétons rencontrés nous gratifient souvent de gestes d’amitiés, comme pour nous dire, pauvres voyageurs, qu’est-ce que vous allez vous saucer. Nous n’en avons cure et plein d’espoir nous fonçons vers le mauvais temps. Nous poursuivons donc vers Verfeil, Garidech et Castelnau d'estrétefond où la pluie finalement s’invitera. Arrêt d’urgence et tout le monde s’équipe de pied en cap pour affronter sans peur les éléments hostiles. Tous, une fois bien équipés et sanglés, nous sommes confrontés à l’épreuve tant redouté du Ko-Lanta-Bivouac, le test du complément de carburant des motos en tenue de scaphandrier et du portefeuille et carte de paiement enfouis au plus profond des fringues. Tous réussirent le test, mais dans cet effort physique déployé, le mental parfois flanche. Et là, c’est le drame. À quelques kilomètres tout juste de notre pose déjeuné, Cricri, le pilote qui transportait Vivi esseulée et triste d’avoir abandonné Christophe à Carcassonne, craque et enclenche la première sans se retourner. Vivi lance un regard périphérique alentour, elle chercher sa monture, elle n’est plus là. (Bon c’est vrai, cela me rappelle une histoire personnelle que peu de Bivouacien ont eu la chance d’entendre un soir et cela me rassure un peu. Mais cela est une autre histoire). Vivi est rapidement prise en charge par un autre bon samaritain et c’est à 1 ou 2 km que le reste du groupe se pose au « Manhattan » de Grenade pour le déjeuner. Merci José pour ce clin d’œil U.S que ma bécane a apprécié à sa juste valeur. Après un super repas où entrée, viande, patates et Pana-cota au coulis de framboises nous régaleront, nous reprenons la route sous une accalmie jusqu’à Agen et l’autoroute que nous empruntons. Nous en serons punis par une pluie vengeresse.
C’est donc sous le pluie, à moins que ce ne soit nos larmes de tristesses de se séparer après cette extraordinaire virée que nous nous quittons. Chacun retournant à sa vie morne, sans virage, du moins jusqu’à la prochaine fois.
Trajet retour d’environ 352 km, à une vitesse moyenne de 68,8 km/h et d’une vitesse maxi de 138 km/h.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont participé à ce récit, l’organisateur, tous les acteurs, sans oublier les costumiers et décorateurs, la régie et les logisticiens qui ont fait de cette sortie un moment mémorable. Je tiens aussi à remercier ma fidèle relectrice qui ne sait pas à quoi elle a échappé, si, au moins 10 cm de moins sur les irrégularités de ces routes de cette magnifique montagne noire.
Merci au rédacteur pour ce récit pour le moins détaillé. J’ajouterai simplement que cela fait du bien que de tous se retrouver, notamment autour d’un verre (mais un seul :), sinon c'est de la gourmandise), après de si longs mois sans rien pouvoir faire.